Il est inexact de déclarer, comme on peut le lire parfois, que la tradition des grands feux, telle que nous la connaissons en mars, n’existe que dans nos contrées. Un collègue italien – mais néanmoins ami – me fit remarquer, à la lecture de l’article, que, chez lui, à Rimini, on célèbre St Joseph par de grands feux le 18 mars. La similitude était par trop frappante pour ne pas mériter une petite recherche et, de fait, les ressemblances sont assez troublantes.
Chaque année, le 18 mars, a lieu le « Fogheraccia » (également connu sous le nom Focarina ou Focheraccia), une fête de Romagne, cette région de l’Italie septentrionale, qui, avec l’Émilie, forme la région de l’Émilie-Romagne dans la zone géographique de la plaine du Pô.
Cette fête consiste en l’édification de grands bûchers pour, selon une coutume récente, brûler de vieux meubles, des déchets d’élagage ou d’autres matières ligneuses.
Il y a cependant deux versions plus anciennes de ces grands feux : une version terrestre et une version maritime. Alors que la première n’est ni plus ni moins que la combustion annuelle de résidus de chaume et de cultures comme cela se pratique un peu partout dans le monde, la version maritime a une valeur symbolique d’une fête païenne étroitement liée au territoire de la Romagne. Il est de tradition, dans les tribus anciennes de pêcheurs, de recueillir et d’amasser les grandes quantités de bois charriées vers la mer par les rivières lors des grandes pluies d’automne et d’hiver. On y met ensuite le feu afin de fêter la fin de la saison froide. La date se situe, en effet, près de l’équinoxe de printemps, époque à laquelle le jour commence à durer plus longtemps que la nuit.
Le « Fogheraccia » est un moment de rassemblement et de divertissement, spécialement sur la côte nord de Rimini, sur laquelle chaque quartier se doit de construire son propre » bûcher « .
Avec l’avènement du christianisme, cette fête fut dédiée à Saint-Joseph (San Giuseppe) mais elle plonge sans aucun doute ses racines dans une époque beaucoup plus lointaine, pré-romaine, mais sans doute plus celte qu’étrusque.
Les premiers habitants de l’actuelle Romagne furent les Ombriens et les Étrusques. Toutefois, vers 350 av. J.-C., le territoire fut conquis par les Celtes. Fondée par les Romains en 268 av. J.-C., Rimini fut d’emblée un port stratégique pour le trafic de marchandises et de voyageurs entre la Gaule Cisalpine et le reste de la péninsule italienne.
Rimini garda donc toujours un contact étroit avec le monde celtique, ce qui explique peut-être la persistance de cette coutume qui ne se retrouve nulle part ailleurs en Italie.
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