Le jeudi 27 février 1902, Henri Pirson de Rettigny quitte la foire de Houffalize pour rentrer chez lui.
En cette sombre et froide soirée d’hiver, notre homme se perdit.
Avait-il quelque peu abusé des bières locales sortant de la brasserie Lambin, comme le raconte la tradition populaire ?
Cela est possible, même si cela ne peut plus être prouvé.
Toujours est-il que notre homme traversa le ruisseau de Cetturu à un endroit fort éloigné de la voie normale.
Tomba-t-il à l’eau ? Se blessa-t-il ?
La tradition ne dit rien à ce sujet mais, lorsqu’on contemple la vallée, en plein jour, il est facile de penser que ces suppositions sont exactes.
Le pauvre homme tenta d’escalader le coteau opposé, en direction de Cetturu. Mais, épuisé, à bout de forces, il s’écroula aux deux tiers de la pente.
Accroché à une bruyère, il appela à l’aide et l’écho infernal de la vallée répéta à l’infini ses cris.
Non loin de là, dans une pauvre masure de torchis, au fonds des bois, vivaient quelques charbonniers.
Ceux-ci entendirent ces bruits lugubres et angoissants et s’en effrayèrent.
Nul doute, le Diable rodait dehors.
Blottis au fond de leur cabane, ils ne bougèrent point.
L’alerte fut probablement donnée dès le lendemain matin à Rettigny. Des battues furent sans doute organisées. On fit appel aux habitants de Cetturu qui fouillèrent les bois en appelant Henri Pirson.
C’est Nicolas Parmentier de Cetturu, échevin puis bourgmestre de la commune de Tavigny, grand-père de Christine Parmentier, qui retrouva le malheureux.
Hélas, celui-ci avait cessé de vivre.
Une croix fut érigée à l’emplacement de son décès.
C’est cette croix que son arrière-petit-fils, Paul Ketelle, de Cetturu me montra un dimanche d’août de cette année.
Une croix à moitié cachée par ces mêmes bruyères qui le retinrent, il y a un peu plus d’un siècle.
Une croix que j’allais nettoyer en ce 1er novembre en souvenir d’Henri Pirson.
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