Détails sur la découverte du cadavre – De notre correspondant

Nous avons annoncé hier que Henri Joseph Pirson de Rettigny, (Cherain) venait d’être retrouvé.

C’est dans le bois de Cetturu (Houffalize) qu’il a été découvert [1].

Le corps ne porte aucune trace de violence ni la moindre égratignure. Une jambe était repliée sous le corps.

On avait retrouvé sa canne et son chapeau antérieurement, à environ 4 kilomètres de là [2].

On présume qu’il se sera égaré dans l’obscurité.

Des ouvriers travaillant dans ce bois doivent l’avoir entendu crier pendant la soirée de mercredi, mais ils n’ont pas eu le courage de lui porter secours [3].

Pendant les dernières recherches, les fidèles étaient réunis à l’église de Rettigny, implorant le secours de Dieu pour retrouver la victime.

Mme Pirson née Victorine Jeuckens est de Grandhalleux (sic) où se trouvent encore ses trois soeurs.

Toute la population de Cherain et des environs ainsi que celle de Grand-Halleux prend une vive part au malheur qui la frappe.

L’Avenir du Luxembourg – 07 mars 1902

— Notes et références —

[1] Bien loin du trajet normal donc qui suivait l’Ourthe orientale jusqu’au pont de Brisy.

Pour revenir à Rettigny en partant de Houffalize, le trajet le plus court – mais tout de même long de près de 20 km – suit la rive gauche de la vallée de l’Ourthe, en partant de l’Ermitage.

La première partie n’est pas simple, même si l’on peut supposer que suivre l’Ourthe était plus facile à l’époque que maintenant. Nous sommes de plus en hiver; Henri a quitté la foire de Houffalize sur le tard; la nuit est noire et il a encore un fameux nombre de kilomètres à faire.

Il peut remonter l’Ourthe jusqu’au gué du ruisseau de Cetturu, traverser l’Ourthe à cet endroit et remonter le mont de Gorhé vers Brisy ou continuer jusqu’au pont de Brisy.

De là, deux options s’offraient à Henri Pirson, soit suivre le chemin de la vallée passant par le Moulin de Bilstain, soit remonter le chemin de Brisy et redescendre sur Rettigny.

Pour une raison inconnue, Henri Pirson dévia de sa route au niveau du gué. Il remonta la vallée très encaissée du ruisseau de Cetturu, traversa ce dernier – mais de quelle manière ? – et tenta de remonter vers le village.

Au deux tiers de la côte, épuisé et probablement trempé, il s’affala parmi les bruyères. Il appela à l’aide mais en vain.

A bout de forces, il mourut dans la nuit noire et glacée.

En vert, les trajets possibles. En rouge, la déviation de Henri

[2] L’endroit n’est pas connu.

[3] On sait qu’il s’agissait de charbonniers qui, pris de panique par ses appels lugubres et fantastiques, n’ont pas osé sortir dans la nuit.

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