Jospeh Noël, on « vrai vétérinaire » do timps passé

S’il existe, dans la longue évocation que nous réalisons en ce moment, un nombre fort respectable de figures très familières, en voici une qui le fut tout particulièrement durant plus d’un demi-siècle auprès des paysans de notre région !

Nous n’aurions pas repris son nom en titre de cette page, que tous ceux qui l’ont connu ou qui ont fait appel à ses services, l’auraient immédiatement identifié.

Originaire de Buret (Tavigny), où il y est né le 10 février 1891, il est décédé à Gouvy, le 10 décembre 1974.

Avant et pendant la dernière guerre, le téléphone public, communal, comme on l’appelait, était installé chez le mayeur Ernest Massen, et c’est de là que M. Noël était contacté à son numéro 34 à Gouvy. Avec sa moto, il se rendait immédiatement au domicile du cultivateur concerné.

Après-guerre, suite au décès d’Ernest Massen, survenu le 15 janvier 1945, c’est au château de Tavigny de M. Édouard le Maire devenu bourgmestre que le gamin ou la gamine se rendait pour téléphoner au vétérinaire (coût de la communication : 1 franc), afin de solliciter son concours pour, par exemple, assister à un vêlage difficile.

A sa descente de voiture (à ce moment-là, il avait son auto), nous le saluons respectueusement en soulevant notre casquette. Dès son entrée dans les tables, M. Noël enlevait son veston, son tricot et sa chemise, et les confiait au premier qui se trouvait à ses côtés. Celui-ci savait qu’il devait les suspendre à l’un ou l’autre crochet. L’on présentait d’office un demi-seau d’eau tiède et une boule de savon à M. Noël, lequel se lavait soigneusement les mains tout en écoutant les premières indications lui fournir par le paysan.

Une autre caractéristique de sa façon de travailler : si, par exemple, un veau manifestait des velléités de maladie de nature à inquiéter le fermier, M. Noël l’examinait et sollicitait un essuie-main bien propre qu’il posait sur le flanc du veau. Il y collait son oreille pour l’ausculter. Il pouvait ainsi déterminer, avec certitude, si le cœur battait régulièrement ou si l’appareil digestif de l’animal fonctionnait normalement.

En période plus ou moins creuse de son activité, lorsqu’il venait notamment procéder à la tuberculinisation du bétail de l’un de ses clients, il lui arrivait de rencontrer un passionné, comme lui, d’apiculture. Dans ce domaine, M. Noël qui aimait particulièrement le miel, savait communiquer ses expériences décimage, parler de ses orphelines et faire part, aussi, des dizaines de piqûres reçues de la part de ses protégées.

Le dimanche, on le retrouvait parfois à la chasse avec son frère Célestin et quelques bons chiens dont ils étaient fiers.

Toute la classe agricole de la région, envers laquelle M. Noël s’était montré ponctuel, juste, bon et serviable, se souviendra souvent de lui.

Permettez-nous d’ajouter une finale à cette plus ou moins longue évocation du personnage, ne fut-ce que pour la postérité !

Entre les années 10 et 20 de notre siècle, deux frères de Buret (Tavigny) devinrent docteur en médecine. Célestin Noël (1888 1960) consacra sa vie à la santé de ses semblables. Joseph Noël (1891-1974) à celle du cheptel de ceux-là.

Ils construisirent leur maison à Gouvy en même temps, côte à côte, troquant ainsi leur cohabitation de Buret en voisinage de Gouvy.

Ils achetèrent leur première automobile au même moment, car les numéros minéralogiques de la plaque d’immatriculation de l’époque le prouve : 126048 pour Célestin et 126049 pour Joseph.

Seule la mort pouvait les séparer ! Mais quelles affinités de doctrine vécues aussi longtemps et aussi profondément entre ces deux Noël de chez nous !

Source : Tavigny, un village, une histoire – Tome 5, p. 79 à 81 – Jules Morsomme – 1986

Joseph Gérardy devant la voiture de Joseph Noël vers 1943
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