Les aviateurs militaires à Arlon.
« De notre correspondant, 18.

Mardi à 10h du matin, les lieutenants Demanet, Legros et Massaux ont effectué plusieurs vol au-dessus de la région d’Arlon.
Les deux premiers avaient pour mission de découvrir une compagnie du 10e de ligne partie en manœuvre dans la direction de Mesancy; la reconnaissance se fait avec une promptitude et une précision remarquables.
A 4h, après-midi, le lieutenant Demanet est reparti : après deux circuits effectués au-dessus d’Arlon, il s’est dirigé vers Virton, mais il a dû atterrir par suite du bris d’une soupape.
Peu après, le lieutenant Legros a volé pendant 40 minutes, à une hauteur moyenne de 1500 m, longeant les frontières française et grand-ducale.
A 6 heure et demie, arrivent les 2 aviateurs attendus depuis la veille : les lieutenants de Bueger et Hagemans. Ils avaient quitté Ans à 5 heures et quart.
Après avoir survolé Liège – à 300 m de hauteur à peine et par un brouillard intense – le lieutenant Hagemans a rejoint son compagnon le lieutenant de Bueger; ils ont « vogué » de concert et ont atterri presque simultanément.
Le lieutenant Liedel a effectué le vol final, au-dessus d’Arlon; en atterrissant, il a légèrement endommagé son appareil. »
Le Patriote 19 juin 1914
De fameuses performances et de non moins fameux risques
Pour bien apprécier ces performances à leurs justes valeurs, citons le même journal qui annonce que les lieutenants Hubert et Poot ont volé ce matin (le 17 juin) de Braaschaet à Beverloo tandis que le même jour à Chartres, le commandant-aviateur Félix était victime d’un accident mortel en essayant un nouvel appareil.
A propos de cet accident mortel à Chartres, voici ce qu’en dit le Petit Parisien [1]:
« Un épouvantable accident d’aéroplane s’est produit hier sur l’aérodrome de Chartres, où se trouvent réunis quelques appareils se préparant en vue des épreuves du concours de sécurité. Le commandant Félix, qui fut l’un des pionniers de notre aviation militaire, en a été la victime.
Cet officier s’occupait de mettre au point un engin inventé par M. Brzewiecki [2]. Il avait déjà réussi quelques courts vols dans la matinée, mais, n’étant pas sur de lui-même, n’avait osé s’aventurer hors de l’aérodrome.
L’après-midi il recommença ses essais.
Vers cinq heures et demie, il était, pour la première fois, parvenu à s’élever à une quinzaine de mètres, et s’enhardissant, avait franchi les limites du terrain d’aviation.
Après cette courte escapade, il revint, se disposant à atterrir. Craignant, en virant, de heurter des hangars, il voulut redresser son appareil, mais, soit par suite d’une fausse manœuvre, soit par suite de la rupture d’une comande, ses gouvernails n’obéirent pas, et, a 100 kilomètres a l’heure, la machine volante du commandant Félix alla s’écraser dans un champ voisin.
Le malheureux pilote eut le crâne perforé par les débris de l’un des montants de l’appareil, et le bassin écrasé.’
Lorsque les spectateurs atterrés arrivèrent auprès de lui, il était mort déjà.
On le transporta à l’hôpital de Chartres où les autorités vinrent saluer sa dépouille. »
Le commandant Félix, de Chartres
Le commandant Julien Félix était ne à Limoges le 2 mars 1869.
Officier d’artillerie, il accomplit la plus grande partie de sa carrière aux colonies et fit campagne successivement en Cochinchine, à la Guyane et à Madagascar.
Il fut l’un des premiers officiers français qui s’adonnèrent à l’aviation et, alors qu’il était capitaine, il obfint son brevet, sur monoplan, le 19 octobre 1910.
— Notes et références —
[2] Probablement Stefan Drzewiecki (26 juillet 1844 à Kunka, Podolie, Empire russe (présentement en Ukraine) – 23 avril 1938 à Paris) est un scientifique, journaliste, ingénieur et inventeur polonais qui a travaillé en Russie et en France. Il construit le premier sous-marin en 1881 et en 1888 à être produit en série, qui est à propulsion humaine et propulsion électrique.
