En juillet 1940, le SIS devait avoir pensé aux infiltrations par voie aérienne depuis quelques temps déjà car, le 20 août 1940 [1], la Royal Air Force forma une unité spéciale, le Flight 419 (No 419 Flight), sur la base aérienne de North Weald.

Cette escadrille, qui sera appelée plus tard le “Moon Squadron”[2] avait notamment pour mission de déposer et de ramener des agents du SIS (ou du SOE [3]) en territoire ennemi [4].

Cependant, la première opération de ce genre, la mission Leenaerts, précéda de 2 jours la création officielle de cette unité spécialisée puisqu’elle eut lieu dans la nuit du 17 au 18 août.

Destination: Momignies dans le Hainaut.

Peu d’informations concrètes et vérifiées subsistent de cette époque troublée. Il semble cependant que le choix du lieu d’atterrissage – Momignies, dans la botte du Hainaut – soit le résultat de l’arrivée en Angleterre d’Anatole Gobeaux, un ancien du réseau “La Dame Blanche” de 14-18 et originaire de la région.

Gobeaux avait très vraisemblablement été approché et “réactivé” par le Colonel Calthrop et ses hommes dès septembre 1939. Sans doute a-t-il même été contacté par Walthère Dewé dès cette période.

Momignies (Hainaut)

Toujours est-il que Gobeaux fournit au SIS une liste d’agents soit avec lesquels il avait travaillé en 1914-1918 soit qu’il avait récemment recruté pendant la “drôle de guerre”[5].

Muni de ses informations, le SIS espéra ainsi organiser rapidement un nouveau réseau, capable d’œuvrer en territoire ennemi et de communiquer efficacement avec l’Angleterre. Il décida donc d’envoyer un agent avec pour mission de prendre contact avec ces personnes

Cette opération comprenait un avion, le Lysander, un pilote, le Flight Lieutenant John Coghlan et un agent belge, Henri Leenaerts.

A tout seigneur, tout honneur, commençons par celui dont nous savons le moins.

Henri Leenaerts

D’Henri Leenaerts, nous ne connaissons (encore) presque rien !!!

Il a 37 ans en 1940, ce n’est pas un militaire car il est courtier en assurances.

Que faisait-il en Angleterre ? Par qui a-t-il été recruté ? D’où venait-il?

Toutes ces questions sont pour le moment sans réponse.

<< à suivre >>

— Notes et références —-

[1]  Le 20 août est la date de création officielle car nous verrons que 2 Lysanders au moins furent attribués le 10 août déjà à cette nouvelle unité.

[2]  Moon Squadron: Ainsi appelé parce qu’ils opéraient essentiellement par nuit de pleine lune, les squadrons Special Duties de la RAF étaient équipés de Westland Lysander et de Lockheed Hudson. Le Moon Squadron original était constitué de 4 Lysanders de l’unité Special Duties, le 419 Flight (basé initialement à North Weald, Essex, puis respectivement à Stapleford, Abbots et Stradishall). Le Flight 419 fut complété par 3 Whitley et 2 bombardiers Halifax pour former le Squadron 161 à Tempsford en février 1942. Entretemps, le (Special Duties) Squadron 138 était formé à Newmarket en février 1941 et combiné avec le King’s Flight du 419 Flight. En août 1941, le  Flight 419 devint le Squadron 138, avec 8 Whitleys et 2 Lysanders. Toutes ces unités ont travaillés pour le compte du Secret Intelligence Service (SIS) et du Special Operations Executive (S.O.E.).

[3] Le Special Operations Executive (en français : « Direction des opérations spéciales ») est un service secret britannique qui opéra pendant la Seconde Guerre mondiale (créé le 19-22 juillet 1940 par Winston Churchill), avec pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance, au départ ceux des pays d’Europe occupés par l’Allemagne, et progressivement ceux de tous les pays en guerre, y compris en Extrême-Orient. Pour bien comprendre la place du SOE dans l’histoire de la Résistance et éviter certaines confusions parfois observées, il y a lieu de ne pas faire dépendre ce service du War Office (WO) ni des autres services secrets britanniques, tels que l’Intelligence Service. Les opérations du SOE étant ouvertement offensives dans les pays occupés ont souvent été confrontées avec l’approche plus discrète du SIS amenant un niveau significatif de friction et un risque accru pour les agents du SIS. Le contrôle de plus en plus dur des Allemands sur les territoires occupés, résultat de l’activité du SOE, a considérablement réduit la liberté de mouvement des agents du SIS.

[4] Les Britanniques ne faisaient d’ailleurs que reprendre une activité déjà développée pendant la 1ère guerre mondiale. L’une des premières – si ce n’est la première – opérations aéroportées eut lieu fin 1916 quand un avion français, piloté par le Sous-Lieutenant Aubijoux se posa près de Chimay pour déposer un agent de renseignement, Marcel Valtier. Malheureusement l’avion fut détruit à l’atterrissage et les deux hommes purent s’enfuir. Ils entamèrent l’organisation d’un réseau mais furent arrêtés par les Allemands qui,  n’ayant pas réellement compris la nature de leur action, les firent prisonniers. Certaines opérations furent effectuées par des aviateurs belges opérant de derrière l’Yser.

[5] La «drôle de guerre» (en anglais phoney war, « fausse guerre » ; en allemand Sitzkrieg, « guerre assise »;  est la période de la Seconde Guerre mondiale sur le théâtre européen entre la déclaration de guerre par la France et le Royaume-Uni (les Alliés) à l’Allemagne nazie le 3 septembre 1939 et l’invasion par cette dernière de la France, de la Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas le 10 mai 1940. Elle reçut ce surnom du journaliste Roland Dorgelès reprenant une expression utilisée dans un reportage sur les armées alliées qui attendaient l’offensive dans leurs retranchements et notamment la ligne Maginot en trompant l’ennui.

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