En conséquence, le SIS mit rapidement sur pied plusieurs tentatives d’infiltrations. Il envoya,  essentiellement par mer, un certain nombre d’agents pour des missions qui devaient être, pour la plupart, de très courtes durées avec un objectif d’information ou de reconnaissance très précis.

Dès le début, la composante belge de ces missions est importante.

Le 16 juin 1940, 4 agents belges sont déposés sur le littoral belge à Klemskerke, entre Ostende et De Haan.

Le 18 juin, Maurice Simon, 37 ans, directeur commercial de la filiale bruxelloise de “His Master’s Voice” est déposé au Verdon, à l’embouchure de la Gironde. Il devait rentrer par les mêmes moyens le 18 août ou le 18 septembre mais ne parut pas au rendez-vous. Il fut arrêté puis relâché par la police allemande. On fut sans nouvelle de lui jusqu’à ce qu’il revint en Angleterre en août 1942.

Le 23 juin, une vedette anglaise dépose 3 agents sur la plage à Klemskerke à nouveau. Il s’agit de Joseph Degreef, 44 ans, recruté par le Captain Daniel, d’Edgar Daune, 51 ans, agent commercial, et de Jacques Thibau, 40 ans, industriel. Ce devait là aussi être une mission de courte durée mais leur rembarquement prévu n’eut pas lieu. Degreef sera arrêté en 1942 et fusillé en 1943. Daune et Thibau moururent dans un camp de concentration.

Dans la nuit du 1 au 2 juillet, une vedette de la Royal Navy dépose, à Klemskerke encore, le marin de la Red Star Line, Télésphore Schelstraete, 31 ans. Schelstaete devait être récupéré le 3 juillet mais il ne se présenta pas au rendez-vous. Arrêté par une patrouille allemande, il put s’enfuir en France. Il fut arrêté à nouveau en avril 1944. Envoyé à Dachau, il eut la chance d’en revenir en mai 1945.

Le 18 août 1940 eut lieu, en Belgique, la première opération aérienne par un avion qui fera ses preuves plus tard dans ce genre d’opération, le Lysander. C’est la toute première opération de ce type sur le continent, la seconde n’aura lieu que le 19 octobre 1940 en France [1]. C’est la mission Leenaerts dont nous allons parler par ailleurs.

Le 31 août, Henri Lannoye, marin de son état, est également débarqué sur une plage d’Ostende par une vedette rapide. Il est le seul agent dans ces premières missions à avoir été immatriculé par le SIS (n° 99801). Lannoye est chargé de trouver une planque pour un opérateur-radio, opérateur-radio qui ne sera cependant jamais débarqué. Henri Lannoye sera arrêté début 1941 et fusillé à Düren en Allemagne le 24 juillet de cette même année.

Toutes ces missions de la première heure sont remplies par des Belges courageux, pas même militaires. Sans grands moyens, même financiers, elles échouèrent toutes et eurent, souvent, une fin tragique. [2]

<< A suivre >>

Notes et références

[1] Parachuté 10 jours plus tôt par un Whitley du Flight 419, l’agent français du SIS, Philip Schneidau, sera récupéré à Montigny dans la nuit du 19 au 20 octobre par un Lysander du Flight 419 basé à Stradishall, via Tangmere, piloté par Wally Farley.

[2] Ces missions ont été rapportées plus en détail par Prosper Vandenbroucke dans l’article «  Réseau Martiny-Daumerie » –  HistoMag’44 – N° 59 – Avril-mai 2009 téléchargeable via Internet.

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