En 1940, la commune de Tavigny compta « 7 de ses fils morts pour la patrie et un civil décédé en France : Joseph Bastin tombé aux Tailles le 11 mai 1940, Joseph Crouquet tombé à Trois-Ponts le 11 mai 1940, Ghislain Servais tombé à Temploux le 12 mai 1940, Louis Monitor tombé à Rhisnes le 12 mai 1940, Alphonse Guirs tombé à Bavikhove (Flandre) le 28 mai 1940, Jules Genin tombé à Vinckt (Flandre) le 20 mai 1940, René Guillaume décédé à Dörnitz le 19 septembre 1940, Isidore Crémer décédé en France le 1er août 1940. »

Cet article présente Ghislain Servais d’Alhoumont.

Ghislain Servais

« Le soldat Ghislain Servais était né à Vissoule, le 6 mars 1912 et domicilié chez sa tante depuis sa naissance.

il avait accompli son service militaire au 10e régiment de Ligne à Arlon et fut versé à la mobilisation d’août 1938 au 3e régiment des Chasseurs Ardennais, 2e batterie, 8e compagnie. [1]

Ghislain tombait en dure journée du 10 mai [2] à Temploux-Namur.

Les cinq fils de cette famille était sous les armes : l’un fut blessé à Langlire, un autre reste prisonnier en Allemagne.« 

La Province de Namur, le 7 décembre 1941

Monument aux victimes de la 2ème guerre mondiale à Temploux

Les Chasseurs Ardennais à Temploux

Dans la nuit du 11 au 12 mai, un ordre de retraite générale au nord de la Meuse est exécuté.

Mais ses conséquences se révélent funestes.

Au nord du fleuve, l’évacuation en catastrophe des positions du Canal Albert rend toute défense impossible.

La 1ère division de Chasseurs Ardennais doit se regrouper plus à l’est, au nord de Namur, contrariée dans sa retraite par l’explosion prématurée des ponts et par la débandade de la 3ème division d’Infanterie refluant de Liège.

Regroupés à Belgrade ainsi qu’à Temploux, les Chasseurs Ardennais sont violemment pris à partie par la Luftwaffe.

Ces bombardements provoquent une centaine de tués parmi lesquels, probablement, Ghislain Servais.

Selon Léon Pirlot de Hotton, les bombardements furent féroces et nombreux : « A Temploux, le dimanche 12 vers 15h., une vague de bombardiers arrive, lançant des chapelets de bombes. J’en vois tomber sur les maisons, partout. Cela dura jusque vers 20h. Heureusement, nous étions bien camouflés dans un bois et ils ne nous on pas aperçus. Sur les hauteurs, des baraquements militaires étaient en feu et Temploux détruit. »
Source : La Petite Gazette du 9 juin 2004.

Les 4 frères de Ghislain

Le journal « La Province de Namur indique « Les cinq fils de cette famille était sous les armes : l’un fut blessé à Langlire, un autre reste prisonnier en Allemagne.« .

Un petit coup de téléphone et notre champion de la bicyclette régional, Ghislain Servais, d’Alhoumont bien entendu, nous renseigne déjà beaucoup sur sa famille.

Tout d’abord, et cela n’a rien d’étonnant, Ghislain s’appelle ainsi en hommage à son oncle décédé en 1940.

Ghislain Servais est né le 6 mars 1912. Il est l’aîné d’une fratrie de 5 garçons.

Le papa de notre Ghislain se nomme Cyrille. Né le 8 février 1914, il épousa une dame Marthe Jacqmin, cousine de Léon Jacqmin de Houffalize  et « esteu si gentil » selon d’autres témoignages.

Alphonse, né le 16 mai 1916, est notre blessé, d’une balle ou d’un éclat d’obus. La famille Servais d’aujourd’hui ignorait qu’il avait été blessé à Langlire. ll épousa Anna Majerus de Buret, soeur des 4 Majerus de Buret, prisonniers en Allemagne. Alphonse entra au chemin de fer après la guerre et fut tué dans un accident de train en 1968.

Fernand, né le 22 mars 1918 était doté d’une chevelure toute bouclée qui le fit appeler « li moton » Il fut fait prisonnier puis libéré en février 1941. Il fut expédié à nouveau au Stalag [3] quand les Allemands ne trouvèrent pas son frère René désigné pour le Service de Travail Obligatoire (STO) [4]. A son retour à Alhoumont en 1945, il ne pesait plus que 45 kg. Il épousa Pauline Theis de Tavigny, la soeur d’Alberte qui tint si longtemps la petite épicerie de Tavigny. Fernand eut un fils, Roger, resté célibataire et habitant toujours Alhoumont et 5 filles : Mariette, Josette, Alberte, Gisèle et Marylène.

René, né le 17 janvier 1920 se cacha dans une sapinière de la Fabrique d’Eglise de Tavigny avec un cousin de Marthe Jaqmin pendant la guerre pour éviter le service de travail obligatoire. Il habita ensuite Taverneux et épousa Jeanne Sine de Taverneux où il tint une ferme.

— Notes et références —

[1] Les Régiments de Chasseurs Ardennais totalisèrent cinq cent trente morts durant les 18 jours de la campagne de l’armée belge de mai 1940. C’est dire l’intensité des combats qu’ils livrèrent. Ceux qui échappèrent à la captivité et continuèrent le combat clandestin eurent encore plus de deux cents tués supplémentaires.

Les quatre jours de la seule bataille de la Lys, du 24 au 27 mai, leur coûtèrent à eux seuls deux cent trente tués, bataille que certains historiens de la  » guerre éclair  » ne mentionnent même pas !
Source : http://users.skynet.be/bs139158/pertes-2.html

[2] Le 12 mai 1940, en fait. 

[3] En Allemagne, pendant la Seconde Guerre mondiale, un stalag, abréviation de Kriegsgefangenen-Mannschafts-Stammlager « camp de base ou camp ordinaire de prisonniers de guerre », désigne un site destiné à détenir de simples soldats et leurs sous-officiers ayant éte´faits prisonniers, tandis que les officiers étaient détenus dans les Oflags, abréviation de Offizier-Lager, conformément à la Convention de Genève de 1929, ceci à l’exclusion de tout civil.

Source Wikipedia

[4] Le Service du travail obligatoire (appelé plus couramment en wallon « werbestele« , « wèrbèstèle« , de l’allemand « Werbestelle« ) fut mis en place dans toute l’Europe sous domination nazie. Il s’agissait d’organiser la déportation de travailleurs des territoires conquis à destination de l’Allemagne pour lui permettre de produire son effort de guerre en comblant les vides laissés par la mobilisation massive des Allemands sur le front de l’Est. En Belgique, le STO est instauré par une ordonnance allemande datée du . Elle concerne des dizaines de milliers de Belges qui sont contraints à l’exil. Ils sont mis au service de l’industrie, de l’agriculture, des chemins de fer allemands, etc.

Source Wikipedia.

Plaque commémorative de Ghislain Servais au cimetière de Cowan.
Et pourtant, Ghislain fut enterré dans la tombe à côté.
Pourquoi ?
Plus personne ne le sait.

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