En 1940, la commune de Tavigny compta « 7 de ses fils morts pour la patrie et un civil décédé en France : Joseph Bastin tombé aux Tailles le 11 mai 1940, Joseph Crouquet tombé à Trois-Ponts le 11 mai 1940, Ghislain Servais tombé à Temploux le 12 mai 1940, Louis Monitor tombé à Rhisnes le 12 mai 1940, Alphonse Guirs tombé à Bavikhove (Flandre) le 28 mai 1940, Jules Genin tombé à Vinckt (Flandre) le 20 mai 1940, René Guillaume décédé à Dörnitz le 19 septembre 1940, Isidore Crémer décédé en France le 1er août 1940. »
Cet article présente Joseph Bastin de Cetturu.
Cetturu – une victime
« Ici aussi le destin est venu se choisir une victime, Joseph Bastin, soldat aux Chasseurs Ardennais tombé à Chabrehez-les Tailles le premier jour de la guerre. Ce jeune héros était âgé de 22 ans. »
Le Journal de Namur, le 29 octobre 1940.
Le combat de Chabrehez
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, le 10 mai 1940, jour du déclenchement de la campagne des 18 jours, Chabrehez est défendue contre l’invasion allemande par la 3e compagnie du 3e régiment de Chasseur ardennais, qui peuvent notamment s’appuyer sur un bunker [1].
Ils parviennent à stopper la progression de la 1./Panzer-Aufklärungs-Abteilung 7, unité de reconnaissance de la 7e Panzerdivision qui a pour objectif de traverser la Meuse au niveau de Dinant ; malgré l’arrivée de renforts (Kradschützen Bataillon 7) les Allemands ne peuvent avancer.
Voulant que sa division avance sans perdre de temps, son commandant Erwin Rommel dirige lui-même les opérations pour s’emparer de la position.
Surpassés en nombre et par la présence de chars, encerclés, les défenseurs cèdent et Chabrehez est aux mains des Allemands vers 21 h, 4 h après leur arrivée.
Plusieurs militaires belges trouvèrent la mort, dont trois abattus alors qu’ils se rendaient [2].
Les Allemands déplorent des blessés et cette résistance rencontrée dura suffisamment pour empêcher la 7. Panzerdivision d’atteindre l’Ourthe le jour même comme cela était prévu.
Cetturu – l’histoire d’un petit village
« Le 10 mai, alors que l’aube s’annonçait paisible et tranquille, Cetturu, petit village ardennais de Luxembourg-Nord fut comme les localités voisines, réveillé par les sourdes détonations des ouvrages qui sautaient et par le vombrissement des avions.
Peu de gens cependant abandonnèrent leurs demeures. Deux hommes seulement prirent le chemin de l’exil.
Les militaires en congé rejoignirent leurs régiments.
Aucun dégat ne fut causé aux habitations.
Bientôt la vie repris son cours normal et les travaux printaniers se firent comme d’habitude.
Fin juin, les deux évacués revinrent au logis.
Cetturu comptait onze soldats mobilisés. L’un d’eux : Joseph Bastin, né le 29-5-17, est tombé glorieusement pour la Patrie à Chabrehez-les-Tailles le 10 mai. Il appartenait au 3ème régiment des Chasseurs Ardennais.
La population de Cetturu lui fit d’émouvantes funérailles le 15 juin.
Quatre soldats sont rentrés au foyer : A. Rousseau, J. Parmentier, M. Marchal et J. Crémer.
Les autres sont en captivité : A. Liners, E. Winand, G. Huppen, I. Marchal et J. Antoine [4].
Cetturu fait partie de la commune de Tavigny; les autorités locales restèrent à leur poste, la composition du conseil communal est restée la même qu’avant les hostilités.
La direction du ravitaillement de la population est assurée par M. Mathieu, délégué par le Ministère compétent.
Le ravitaillement est normal. Il y a cependant pénurie de charbon. »
Le Journal de Namur, le 5 décembre 1940.

– – – Notes et références – – –
[1] Cela se passait au fortin de Chabrehez (Houffalize) [3] . Les pertes belges sont lourdes: trente prisonniers, dix blessés et sept tués.
[2] Les Chasseurs tués à Chabrehez sont : BASTIN Joseph soldat, CREMER Jules sous-lieutenant, DENIS Joseph soldat, blessé mortellement à Chabrehez, GOURMET Benjamin sous-lieutenant, HENROTTIN Gustave soldat, JACQUET Fernand soldat, blessé mortellement à Chabrehez et RUELLE Emile soldat.
Source : http://users.skynet.be/bs139158/pertes-2.html
[3] Les fortins Devèze : Albert Devèze, Ministre de la Défense, ordonne dès 1933 la construction de petits abris bétonnés pour la défense de la frontière en Province de Luxembourg. Ces abris de dimension réduite – 4 m 40 sur 4 m 40, 20 centimètres d’épaisseur – abritent quatre hommes. Son armement est constitué d’une mitrailleuse Maxim montée sur un affût.
[4] Il s’agit d’Albert Liners, Emile Winand, Isidore Marchal et de Jean Antoine.