« On nous écrit, 15 août:
Depuis quelques temps, une troupe de vagabonds rôdaient dans les environs de Wibrin. Le bourgmestre décida qu’une traque serait faite. A cet effet, il réunit quelques villageois. Le garde-champêtre [1] voulut montrer le fonctionnement d’un revolver, mais l’arme était chargée. En expliquant la manière de s’en servir, il pressa involontairement la détente et une balle alla frapper un des compagnons, militaire revenu en congé.
La victime, qui eut le ventre perforé, put cependant regagner son domicile.
L’auteur involontaire de l’accident est en proie au plus grand désespoir. »
Le Patriote du 17 août 1898.

…
Pas d’ambulance, pas d’hélicoptère de Bra-sur-Lienne, pas d’hôpital; la victime regagna son domicile.
Quelques jours plus tard, le Soir nous apprend cependant quelques détails supplémentaires. Les vagabonds sont devenus des sangliers, ce qui justifie tout de même un peu plus le terme employé de traque. Le reste du récit est identique à la conclusion près : l’état de santé de la malheureuse victime est grave.
Cela dit, chasser le sanglier au revolver n’est pas spécialement recommandé et le titre du Soir est éloquent :
« Le danger des armes à feu. De notre correspondant de Virton, 19 août :
Depuis quelques temps, une troupe de sangliers rôdait dans les environs de Wibrin.
Le bourgmestre décida qu’une traque serait faite. A cet effet, il réunit quelques villageois. Le garde-champêtre voulut montrer le fonctionnement d’un revolver. L’arme était chargée. En expliquant la manière de s’en servir, il pressa involontairement la détente et une balle alla frapper un des compagnons.
La victime eut le ventre perforé.
Son état est grave. »
Le Soir du 20 août 1898.
—
[1] Le métier de garde-champêtre a disparu après six siècles d’existence. La fonction de garde des ablais ( blés coupés) avait été créée en 1369 par Charles V. Le nom du protecteur des campagnes a changé plusieurs fois jusqu’à la loi du 3 messidor, An III qui imposait un garde-champêtre par commune. Nos garde-champêtres et nos agents de quartier effectuaient avec bonhomie un travail de prévention qui évitait bien souvent la répression. Ils sillonnaient nos villages et nos champs, veuillaient à l’échardonnage, surveillaient les gamins chapardeurs et connaissaient toutes les disputes de voisinages.
Source : http://www.nostalgie-lustinoise.be/legardechampetre.htm