IMG_4139Sans doute vous souvenez-vous du premier reportage d’Anaïs, publié en juin de cette année !. Dans le cadre d’un travail sur la 2ème guerre mondiale pour son école primaire, Anaïs avait décidé de sortir des sentiers battus et d’aller à la rencontre de deux habitants de son village. Elle leur avait alors posé un certain nombre de questions très intéressantes sur la façon dont ces personnes avaient vécu ces événements.

Cet été, en dehors donc de toute obligation scolaire, Anaïs a repris son baton de pélerin, ses questions, son cahier et sa maman et est allé interviewer d’autres personnes.

Voici la deuxième partie de ce long travail de notre plus jeune « chercheuse de mémoire« .

(lire ici la première partie)

Bonne lecture !

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Adolphe Calbert, avez-vous des souvenirs particuliers ?

« Le 10 mai 1940, nous sommes partis à l’école à 8h comme d’habitude mais, vers 10h, l’instituteur, Mr Marenne, a arrêté les cours en nous disant : « les Allemands ont déclaré la guerre à la Belgique et sont déjà entrés dans le Grand – Duché ». Rentrés à la maison, nous avons dit que nous devions évacuer ; Maman nous a répondu que nous, les enfants, pourrions évacuer mais qu’elle et Papa restaient dans la maison. Alors personne n’est parti. Notre grande peur fût dans l’après- midi, quand les avions allemand faisaient des piqués sur le village, sirènes ouvertes et semant la panique.

Le soir, c’était plein de réfugiés luxembourgeois, de Gouvy et même de Houffalize qui se reposaient en dessous des arbres de la Chavée et dans le verger.

Le lendemain, soit le 11 mai, les troupes allemandes, à pied et à vélo et aussi beaucoup à cheval, ont commencé à passer et cela a duré 6 semaines sans arrêt ;que des haltes de 1h ou 2h pour se reposer ; c’était interdit aux civils de circuler sur la route et seulement sur l’accotement. Le 27 juin, Papa a eu un cheval allemand et nous sommes allés planter les pommes de terre au « Moulinays » : j’avais 11 ans et Jean 13. Nestor (9 ans) était resté à la maison avec Maman, Ninnie et Jules. Dans les champs ensemencés, papa a mis des pancartes indiquant le nombre d’ares et la variété semée.

En septembre, nous sommes tous rentré à l’école. Dans les hôtels, il y avait des officiers et des soldats allemands en convalescence.

A partir de décembre 1940, je suis allé dormir tous les soirs chez les tantes Marie, Marguerite et oncle Henri.

A partir de juin 41, Oncle Henri avait l’oreille collée sur Radio-Londres toute la soirée. A cette époque,Ppapa a été très malade. À partir de là, Oncle Jules Lemaire, Tante Rosalie et Léon nous ont aidé aux récoltes. Nous avons acheté un bœuf qui s’appelait « Mouton ». Moi, j’ai continué l’école jusqu’en 43. Ninnie et Nestor ainsi que Jules, jusqu’à la libération en 44, environ le 7 septembre. Le 16 décembre a débuté l’offensive « Von Rundstedt ».

Le 19, je passais la nuit, comme d’habitude, au centre du village, chez les tantes, quand nous avons été réveillés par des coups de feu dans la rue le matin. En regardant par la fenêtre, j’ai vu une jeep américaine avec 4 soldats qui parlaient allemand, ils ont crié « raus » à 3 civils qui s’approchaient et c’est à ce moment que Raymond Martin a été atteint d’une balle à la jambe. Il s’est trainé dans le fossé de la route d’Ollomont et c’est là qu’une personne du village a mis Raymond sur une brouette et la ramené chez tante Rosalie où le voisin Victor a donné les premier soins.

Le 21 ou 22 décembre, les 15 occupants d’une chenillette automitrailleuse se sont installés dans la cuisine et la chambre chez mes parents pour une douzaine de jours. Ils rentraient le matin, faisaient leurs cuisine (popote) puis dormaient jusqu’au soir. Ensuite ils retournaient vers Samrée.

Maman parvenaient quand même à nous faire un repas, nous avons mangé beaucoup de pommes de terre et les Allemand aussi !

Une certaine nuit, les avions sont venus mitrailler et Papa est monté au grenier voir s’il n’y avait pas le feu.

Fin décembre, j’étais avec Nestor à l’Economie Populaire pour préparer le bois de chauffage pour la nuit, quand tout à coup, des avions américains ont mitraillé le centre du village. Nous nous sommes couchés derrière un mur. Le feu a pris dans la grange mais les Allemands l’ont éteint. Nestor et moi sommes vite rentrés à la maison. Cette nuit-là, nous avons été dormir dans la cave (10 personnes) jusqu’à la libération, le 14 janvier 45.

Le matin du 14 janvier 45, les soldats américains creusaient des tranchées individuelles à 25m de nos fenêtres. A la ferme China, ils se sont battus à la baïonnette et, fin de l’après midi, la bataille s’est terminée à Ollomont. »

Anaïs

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