Troisième et dernière partie du reportage d’Anaïs.
Cet été, en dehors donc de toute obligation scolaire, Anaïs a repris son bâton de pélerin, ses questions, son cahier et sa maman et est allé interviewer d’autres personnes.
Voici donc la dernière partie de ce long travail de notre plus jeune « chercheuse de mémoire« .
Lien vers les articles précédents: < Article de juin > < Nadrin_1 > < Nadrin_2 >
Bonne lecture !
« J’ai interviewé Roger Louis (RL) et Nelly Grogna (NG.).
1) Quel âge aviez-vous quand la guerre a commencé ?
RL : 12 ans
NG : 14 ans
2) Où vous refugiez-vous lors des bombardements ?
RL : Dans la cave. Mon père, qui avait combattu en 14 et avait très peur de l’étouffement, nous obligeait à mettre une perche dans l’ouverture de la cave. Si nous avions subi un éboulement, nous aurions toujours eu de l’air.
NG : Dans la cave chez Albert Louis, car un obus était tombé sur le toit de notre maison.
3) La vie était elle différente qu’en temps de paix ?
RL : Oui. Il y avait des mendiants.
NG : Oui, parce que l’on ne pouvait pas faire ce que l’on voulait
4) Pour vous nourrir, était ce difficile ?
RL : Non car on avait une ferme et des patates.
NG : On mangeait ce que les Allemands nous donnaient .Sinon c’était eux qui le mangeaient.
5) Avez-vous vu des combats ?
RL : Oui, à l’offensive Von Rundstedt
NG : Oui, et dans la grange il y a eu un tué.
6) Comment se comportaient les Allemand avec vous ?
RL : On ne les voyait presque pas
NG : Ca dépendait, les groupes SS étaient très méchants. Mais les autres groupes étaient corrects.
7) Connaissez-vous quelqu’un qui a été prisonnier?
RL: Georges Louis, Felicien Bodson, Victor Calay, Arsène Geradin, Baltus, Linchet, Gustave Mawet.
NG: Eudor Wenquin, Roger, Léon et Jules Dethor.
8) Qu’avez-vous ressenti à l’annonce du débarquement ?
RL : On a senti de la liberté.
NG : Un soulagement
9) Quand l’avez-vous appris ?
RL : Le 6 juin par la BBC one
NG : Nous l’avons appris le 10.
10) Avez-vous des souvenirs particuliers ?
RL : Un Allemand est venu me poser une question :
« Paris est encore loin ? »J’ai répondu « non, non 30 km ». L’officier a dit « Gut, gut ».
Eudore Wenquin a traversé l’Ourthe 3 fois pieds nus . Il fût soigné par un médecin allemand à Engreux. Il a échappé à la fusillade qui a eu lieu aux Cheras (actuellement Parc Lambin).
En transportant par obligation du bois de l’école à l’hôtel du Hérou occupé par les Allemands, il y avait un Allemand mort dans l’escalier qu’on devait descendre. Par plaisir, on lui marchait dessus.
Un parachutiste anglais a réussi à se sauver grâce au facteur Ernest Lambert qui l’a emmené clandestinement.
Pendant que les Allemands allaient à l’appel, je mettais la radio anglaise et mon père faisait le guet. Quand les Allemands revenaient, je mettais la radio an français.
NG : Roger Voets avait fabriqué une radio et il savait communiquer avec les MNB (Mouvement National Belge)
Une fois j’ai dit pendant qu’on mangeait « Je suis contente qu’il y ait la guerre, comme ça je n’irai pas à l’école à Virton. »
Nadrin fût d’abord libéré avant Ollomont.
Suite au bombardement de la maison, mon papa a fait une congestion cérébrale et, pendant 9 jour, il a été nourri à la cuillère, uniquement de pommes, et Maman avait une blessure au front.
J’étais seule à la maison et avais 14 ans. Mon papa a été transporté de chez lui sur une échelle dans un maison sur la route de Wibrin. Je suivais avec la farine sur un traineau et les Allemand me l’ont pris.
Un jour, nous sommes allés conduire les vaches à Ollomont et, quand on est remonté pour prendre les poules, les Allemands les avaient déjà toute prises.
Chez nous, c’était le café du village et il était rempli de paille et d’Allemands. Il ne nous restait que la cuisine. »
Anaïs