« Ceci se passait en un temps passablement reculé, – mettons au siècle passé – à Wibrin, petit village des environs de Houffalize.
Le village ne possédait qu’une petite auberge qui n’avait avec nos grands hôtels que des rapports fort éloignés.
Cette auberge était tenue par une brave dame, déjà âgée, dont l’horizon était délimité par les frontières de sa commune : elle ne les avait jamais franchies et, partant, ne connaissait que fort peu des choses de l’extérieur et du monde en général.
Or, une nuit, elle est réveillée par des coups violents frappés contre la porte,.
Elle vient à la fenêtre et aperçoit, vaguement, sur la route, un homme à cheval, chose qu’elle n’avait jamais vue ; elle s’imagina que les deux ne faisaient qu’un.
– Je voudrais loger, dit l’inconnu.
– Hélas ! mon bon Monsieur, il n’y a pas de place.
– C’est bien désagréable, car je suis très fatigué. En tous cas, dit-il, en sautant à terre, vous me verserez, au moins, une goutte, n’est-ce-pas ?
Et la brave femme de s’écrier :
– Ah ! « ça » se défait en deux ! Alors, entrez, monsieur, il y a de la place ! »
Le Patriote du 7 décembre 1911