Lorsque la nuit aura développé son voile,
Ou que de Sirius aura brillé l’étoile,
Que le silence, au loin, dans les fourrés profonds,
Aux hibous permettra de sortir des vieux troncs ;
Attentifs, écoutons ! … D’un bruit , mon oreille est frappée,
Comme du bruissement du vent dans la feuillée ….
C’est la meute du Sire ; arpentant les buissons,
Elle va déboucher au sommet des vallons ;
Elle chasse un brocart, cette meute enragée ;
Mais déjà, dans le bois, la bête est rembûchée :
Au centre de Hursindje, elle arrive à grands pas,
Sans crainte , attendons la : ces chiens ne nuisent pas.
Et Manchette jamais, revenant d’Outre -tombe ,
Ne moleste mortel, sur qui sa meute tombe.
S’il passe près de vous, gardez votre repos ;
Surtout abstenez- vous, d’un indiscret propos !
On dit que des chariots, oubliés dans les plaines,
Souvent ses chiens courants, ont agité les chaînes ;
Que, s’excitant alors, par d’assourdissants cris,
Ils ont des mailles, provoqué le cliquetis ;
Puis halelant, hargneux, se mordant d’aventure,
On les a vus lapper toute une mare impure.
Cette chasse bruyante, en nocturne appareil,
Qui du peuple souvent, vint troubler le sommeil,
Ne laisse de ses pas, le matin, nulle trace,
Mais déjà le silence ! … Au loin le bruit s’efface.
Manchette va rentrer dans le séjour obscur
Des mortels décédés, avec un point impur,
Sur le livre de la vie ; à la pénible tàche
De chasser ici bas, l’arrêt du ciel l’attache,
Jusqu’au jour ou, brillant de l’éclat du cristal,
Il recevra le prix de son terme fatal.
Source : Monts et vaus, 1868, D’ C. – J. – B … !.