La famille Hampert est bien connue à Buret.
Comme beaucoup d’autres noms de famille de la région, la consonnance du nom indique une provenance du quartier germanique du duché de Luxembourg.
Mais d’où viennent-ils et depuis quand sont-ils installés en Belgique ?
Le Recueil des lois et arrêtés royaux de la Belgique, Volume 21 Devroye et Company, 1870, nous en apprend un peu plus sur l’origine des Hampert et sur leur arrivée à Buret.
Une naturalisation ordinaire à Buret
Le pétitionnaire né à Goesdorff [1] (grand-duché de Luxembourg), le 21 juin 1834, est domicilié à Tavigny-Buret où il a contracté mariage le 10 octobre 1855, après y avoir résidé antérieurement pendant plusieurs années, en qualité d’apprenti ouvrier charron [2]. Il paraît désirer obtenir la qualité de Belge, afin d’assurer à ses enfants mineurs la faculté de pouvoir jouir du même avantage, à l’époque de leur majorité.
Les autorités consultées ont fait connaître que le pétitionnaire est un ouvrier laborieux, paisible el honnête, et n’ont signalé aucun fait que l’on pourrait considérer comme une objection à opposer à sa demande. Sa moralité et ses antécédents sont au contraire à l’abri de tous reproches.
L’une d’elles cependant a émis l’avis que le pétitionnaire, ne possédant d’autres ressources, pour soutenir une nombreuse famille, que le produit de son salaire d’ouvrier, serait probablement dans l’impossibilité de payer le droit d’enregistrement slipulé par la loi. Mais le pétitionnaire, étant né dans la partie du grand duché de Luxembourg cédée par les traités, a évidemment droit à l’exemption du droit d’enregistrement, aux termes de la loi du 30 décembre 1853.
Votre commission a conséquemment l’honneur de vous proposer de prendre sa demande en considération.
Le rapporteur J. Jouret [3]
Le président H. de Brouckère [4]
La naturalisation en Belgique au fil du temps
L’article 5 de la Constitution belge de 1831 prévoyait la distinction entre « naturalisation ordinaire » et « grande naturalisation ». Il fallait avoir reçu la grande naturalisation pour être éligible à la Chambre des représentants ou au Sénat, pour devenir ministre ou pour prendre part aux élections parlementaires. Néanmoins, comme l’explique le juriste Delcour (1842: 16), « il suffit d’avoir obtenu la naturalisation ordinaire pour devenir électeur dans la commune« . Cette distinction existait déjà dans les entités politiques » belges » antérieures à l’annexion française de 1795. [5]
La citoyenneté belge a été régie successivement par l’article 10 du Code Napoléon (ius sanguinis), la Loi fondamentale du 24 août 1815 (ius soli), des décrets du gouvernement provisoire (ius sanguinis), la loi du 15 août 1881 (ius sanguinis), la loi du 8 juin 1909 (ius soli) et la loi du 15 mai 1922 (exclusivement ius sanguinis). La législation a été coordonnée par l’arrêté royal du 14 décembre 1932 (B. Nascimbene (ed.), Nationality Laws in the European Union, Butterworths, Giuffrè, 1998, pp. 97-99).
[…]
Un nouveau Code de la nationalité belge a été élaboré en 1984.
[…]
En 1993, les conditions de naturalisation ont encore été assouplies. La distinction entre naturalisation ordinaire et grande naturalisation a été supprimée. Précédemment, seule la grande naturalisation conférait tous les droits politiques. C’est la raison pour laquelle elle était assortie de conditions assez strictes en ce qui concerne la durée du séjour et n’était attribuée qu’à des étrangers ayant des mérites ou talents particuliers. La loi du 6 août 1993 a uniformisé la procédure de naturalisation, le fait de remplir les conditions pour la naturalisation ordinaire donnant désormais le droit d’exercer tous les droits politiques. [6]
La loi du 30 décembre 1853.
Que sait-on de Pierre Hampert ?
Il est donc né à Dahl, village de la commune de Goesdorf au Grand-Duché de Luxembourg le 21 juin 1834.
A l’âge de 21 ans, il se marie à Buret le 10 octobre 1855 avec Catherine Joseph Tabar.
A cette époque, il est encore domicilié dans le village de Dahl.
Il est le fils mineur de Nicolas Hampert (1794 – ?), charron de profession, et de Anne-Marie Steffen (1803 -? ), ménagère, tous deux domiciliés à Dahl.
Catherine Tabar est indiquée sans profession. Elle est domiciliée à Bernistap. Elle est née le 23 août 1830. Elle a donc 25 ans à son mariage.
Elle est la fille de François Joseph Tabar, cultivateur, et d’Elisabeth Kreins, ménagère.
Les bans ont été publiés aux maisons communales de Goesdorf et de Tavigny, comme il se doit.
Sont témoins du mariage Isidore Carlier, receveur des douanes, Jacques François, préposé aux douanes, Pierre Célestin Louis, cultivateur à Buret et Jean Joseph Crine, cultivateur à Limerlé.
L’officier d’état civil était le bourgmestre Jean Martin Simonis.
En 1870, Pierre réside à Bernistap, dans une petite ferme au bord du canal Meuse & Moselle dont il reste encore quelques fondations. Ce sera la maison de la famille Hampert jusque dans l’entre-deux guerres.
Dès 1856, le 3 août nait à Bernistap vers 3 heures de relevée Emile Nicolas.
Isidore Carlier sera encore une fois témoin, signataire de l’acte de naissance.

Une famille nombreuse
De cette union naquirent une ribambelle d’enfants comme c’était souvent le cas à l’époque.
Outre Emile en 1856 et décédé le 26 novembre 1924,
- Lucien François (1858 – 22/07/1903)
- Léonie Marie Joseph (14/11/1859 – 21/10/1938)
- Catherine (20/03/1862 – 14/07/1931)
- Honoré Joseph (27/02/1864 – 13/05/1945)
- Anne Virginie (20/03/1866 – 28/01/1944) 1862 ???
- Marie Angélique (22 mai 1868 :- 25/03/1943)
- Félicien Joseph (26/01/1871 – ?)
- Arthur Joseph (14/03/1874 – 1874 ? 1900?)
- Mathilde Joseph [7] (04/09/1877 – 04/01/1955),
soit 10 enfants en 21 ans.
La pauvre maman est décédée à Bernistap le 29 avril 1884 à l’âge de 53 ans,
Pierre décéda vers 1903 (date à confirmer).
D’autres Hampert à Tavigny
Pierre n’est pas le seul Hampert venu de Dahl dans la commune de Tavigny.
Le 16 mars 1890, Jean Hampert, lui aussi fils de Nicolas et d’Anne-Marie, né le 13 janvier 1845, 11 ans après Pierre donc se marie avec Marie Joseph Petillon, fille d’Hector Joseph Petillon et d’Anne Joseph Collin.
Jean est, comme par hasard, charron également.
Jean a 45 ans et Marie en a 48. Au moment du mariage, les deux parents de Jean sont décédés : Nicolas, le 20 mai 1862 et Anne-Marie, le 11 juillet 1866, tous les deux à Dahl.
Jean et Marie n’ont pas eu d’enfants.
Marie Hampert-Petillon est née à Tavigny le 17 juin 1846. Elle est ménagère et la fille aînée d’Hector Petillon (décédé le 12 mai 1869 à Tavigny) et d’Anne Joseph Collin (décédée le 12 décembre 1851).
Les Petillon sont originaire de la commune mais Marie Collin provient de Peruwez.
L’officier d’état civil était le bourgmestre, François-Joseph Lamboray et on retrouve Nicolas Parmentier de Cetturu dans la liste des témoins du mariage.
— Sources et références —
[1] Goesdorf, est une localité luxembourgeoise et le chef-lieu de la commune portant le même nom située dans le canton de Wiltz. Dahl (en luxembourgeois: Dol) est une section de la commune de Goesdorf.
[2] Le charron était un artisan spécialiste du bois et du métal. Il concevait, fabriquait, entretenait ou adaptait, réparait les véhicules2 avant la motorisation, parmi lesquels les voitures communes de transport ou de charge et les engins agricoles et artisanaux : chariot à timon et quatre roues charrette à brancards, char à bancs, corbillard, tombereau, wagons, charrue, brouette, etc.
[3] Martin Joseph Jouret (Vloesberg, 10 novembre 1796 – 15 janvier 1878) a été membre de la Chambre des représentants et bourgemestre de Flobeck de 1840 à 1842.
[4] Henri Ghislain Joseph Marie Hyacinthe de Brouckère, né le 25 janvier 1801 à (Bruges et mort le 25 janvier 1891 à Bruxelles, est un homme politique belge, membre du Parti libéral. De 1852 jusqu’en 1855, il fut à la tête d’un gouvernement libéral dans lequel il détint également le portefeuille des Affaires étrangères. Source Wikipedia
[5] Pierre-Yves Lambert, La participation politique des allochtones en Belgique – Historique et situation bruxelloise, Louvain-la-Neuve, Academia-Bruylant (coll. Sybidi Papers), juin 1999, 122p., ISBN 2-87209-555-1
[6] Sénat de Belgique – Session de 2010-2011 – 29 décembre 2010 – Proposition de loi instaurant le Code de la citoyenneté (Déposée par Mme Anke Van dermeersch et consorts) – Document parlementaire n° 5-647/1
[7] Mathilde, née à Bernistap, épousera Alphonse Maquet et décédera à Buret le 4 janvier 1955.