Le Lysander
Le Westland Lysander fut conçu comme un avion de coopération aérienne pour l’armée britannique. Il entra en service en juin 1938.
Malgré son aspect d’un autre âge, le Lysander est un avion techniquement tout à fait avancé, dessiné comme un VSTOL [1] avec des flaps d’ailes automatiques, des volets à fente et une incidence variable de l’empennage arrière de l’avion.

A la déclaration de guerre, le Lysander fut envoyé en grand nombre en France pour soutenir le British Expeditionary Force [2].
Très vite malheureusement, il s’avéra être une proie facile pour la chasse allemande.
Ci-contre, le Lysander Mk III des Sabena Oldtimers aux couleurs du Squadron 138
Sur un total de 175 appareils déployés, 118 Lysanders furent perdus au-dessus de la France et de la Belgique ou détruits au sol entre le 10 mai et fin juin 1940. 120 hommes d’équipage furent perdus [3].
Après la perte de la France, le Lysander fut assigné à d’autres tâches. Le centre des combats aériens se déplaçant vers l’Angleterre, le Lysander entreprit des opérations de recherche des aviateurs abattus en mer ou fut envoyé sur le terrain d’action du Moyen-Orient. En Angleterre, peint en noir et quelque peu modifié, il fut affecté aux opérations spéciales (Special Duties) et fut utilisé avec succès dans les opérations clandestines en Europe occupée où ses performances de vol, d’atterrissages et de décollages courts sur surface irrégulières firent merveille.

Pour ces opérations du SOE, l’armement arrière des Lysander, essentiellement de type Mk III déja en opération, fut supprimé afin d’offrir plus de place aux passagers.
Pour ces missions lointaines, le Lysander est aussi équipé d’un gros réservoir largable de 150 gallons (682 l) placé entre le train d’atterrissage.
Une échelle fixe est placée sur le côté gauche du fuselage afin de permettre à l’agent d’entrer et de sortir rapidement et d’ainsi diminuer le temps passé au sol par l’avion.
Spécification du Lysander Mk III [4]:
- Équipage: un pilote et un observateur (Pour les « Special Duties », l’observateur est remplacé par un ou deux agents ; il y eut, dans quelques missions, jusqu’à 3 passagers pour le retour vers l’Angleterre)
- Longueur: 9,29 m
- Envergure: 15,24 m
- Hauteur: 3,50 m
- Surface alaire: 24,2 m²
- Poids à vide: 1.834 kg
- Poids en charge: 2.645 kg
- Moteur: un moteur radial Bristol Mercury XX de 870 hp (649 kW)
- Vitesse maximale: 212 mph (341 km/h)
- Vitesse de décrochage: 65 mph (104 km/h, 56,5 knots)
- Rayon d’action: 600 miles (966 km) sans le réservoir de 150 gallon ; endurance de 8-10 heures (1.100 miles) avec le réservoir supplémentaire pour un pilote et deux passagers
- Plafond maximum: 21.500 ft (6.550 m)
- Taux de montée: 1.410 ft/min (7,2 m/s)
Armement:
- Mitrailleuses: 2 Browning ou Vickers jumelées .303 pouces (7.7 mm) dans les carénages de roues
Quel fut l’appareil utilisé pour la mission?
Un doute subsiste sur l’appareil qu’utilisa John Coghlan pour cette mission. Plusieurs documents suggèrent que le R2625[5] a été utilisé sur base du fait que les appareils R2625 et R2626 furent affectés au Flight 419 le 10 août 1940, quelques jours avant la formation officielle du Flight.
Le R2626 volait toujours en 1944; le R2625 fut donc considéré comme étant l’appareil employé pour la mission. Deux sources cependant indiquent que le R2625 volait toujours un an après les faits lors de la formation du Squadron 138 [6]. Ces appareils qui formèrent la base de l’effectif aérien du Flight 419 et du Squadron 138 sont des Lysander Mk I à moteur 9 cylindres Bristol Mercury XII de 890 CV [7].
Coghlan et Leenaerts utilisèrent probablement le N1203, basé à Ringway et affecté à la “Parachute Training School”. Cet appareil fut, en effet, porté disparu le 18 août 1940 en mission SD (Special Duties). Ce N1203 est un Lysander de type Mk II avec un moteur Bristol Perseus XII de 902 CV. Il ne s’agit donc pas de la version Mk III spécialement transformée. Il est donc probable que cet appareil n’ait pas l’échelle fixe du fuselage.
— Notes et références —
[1] VSTOL est l’abréviation de Vertical or Short Take Off and Landing, utilisée en jargon aéronautique pour désigner les aéronefs à décollage et atterrissage courts ou verticaux
[2] La British Expeditionary Force ou (BEF) est un Corps expéditionnaire britannique envoyé, pour participer aux combats en France en Belgique suite au déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Le même nom a été donné aux forces britanniques, envoyées en France, à partir de 1939-1940 au cours de la Seconde Guerre mondiale.
[3] Francis K. Manson, Westland Lysander, Profile Publication n° 159
[4] 4+ Publications – Westland Lysander
[5] Tous les appareils de la RAF sont désignés par un Serial Number ou numéro de série unique. Lors de la 2ème guerre mondiale, le code était composé d’une lettre et de 4 chiffres identifiant de façon univoque l’appareil et sa série. A ne pas confondre avec le Unit Code (2 lettres) et du code de l’appareil (1 lettre) situés de part et d’autre de la cocarde du fuselage. Suite à la destruction totale d’un appareil, le code de l’avion peut à nouveau être utilisé. Plusieurs avions ont donc pu avoir le même Unit Code (Ex. : MA-D), le Serial Number est, lui, unique.
[6] Kennet A. Merrich – Flights of the Forgotten
[7] Francis K. Manson, Westland Lysander, Profile Publication n° 159