Dans nos communes, les travaux d’intérêts généraux n’ont jamais été un long fleuve tranquille, si vous me permettez l’expression dans ce cas de distribution d’eau.
Un lecteur de l’Avenir du Luxembourg faisait paraître un juste courroux et un sarcasme certain dans l’édition du 28 avril 1909.

Mabompré
« Notre pittoresque localité sera bientôt pourvu d’une distribution d’eau potable.
C’est à tort qu’on se figurait nous trouver ici que des eaux marécageuses et, comme on disait jadis, de mal bons prés.
Ce chef-lieu de commune mérite une autre dénomination. Qu’on l’appelle désormais Bienbompré.
Et puis, songez donc ! C’est qu’il s’agit maintenant d’une réputation vaste, européenne, mondiale.
En effet, depuis mardi, Mabompré possède son dépôt-relais de poste, et lentement, mais sûrement la diligence, puinée de l’autobus mort-né, expédie dans toutes les directions les cachets de Mabompré. » [1]
L’Avenir du Luxembourg le dimanche 25 avril 1909
Un histoire de très longue haleine
Les années passent et l’on pourrait croire que Mabompré possède enfin sa distribution d’eau dans tous les ménages.
Et pourtant, le « bientôt » s’est transformé en mois, puis en année et même en dizaines d’années puisque voici ce que nous dit l’Avenir du Luxembourg encore … en décembre 1938. [2]

Distribution d’eau
« La section de Mabompré sera bientôt dotée d’une excellente distribution d’eau.
Ce projet qui a été voté par l’ancien conseil [3] sera réalisé par les nouveaux élus [4] qui déjà se remuent beaucoup pour mener à bien ce travail important et si nécessaire.
Le projet est à l’étude à Arlon, auprès du Service Technique provincial qui fait diligence pour permettre au conseil communal de prendre une décision finale.
Ce travail coûtera près de 500.000 francs et sera subsidié par les pouvoirs publics.
Jusque maintenant, quatre cinquième du village n’ont pas d’eau potable et cette situation fait que le typhus [5] règne quasi toujours dans cette localité.
L’administration communale a pu capter une excellente source qui donne une eau potable en grande abondance et qui sera capable d’alimenter largement tout le village.
Espérons que les formalités à remplir ne dureront pas trop longtemps et, au grand contentement de tous les habitants, les travaux seront rapidement adjugé. »
L’Avenir du Luxembourg le vendredi 9 décembre 1938
– – – Notes et références – – –
[1] L’ouverture d’un relais de poste est une vieille problématique en 1909 à Mabompré. Depuis longtemps, la commune se bat sur ce sujet. Elle désire également être mieux « reliée » à Houffalize et à La Roche et fait du lobbying – même si ce terme est anachronique – afin d’obtenir soit une ligne vicinale, soit une ligne d’autobus en remplacement de l’antique diligence qui relie Mabompré à Houffalize par des routes empierrées en très mauvais état.
[2] Cela nous permet également de rappeler que l’accès à une eau potable de qualité jusque dans nos maisons est un luxe qui n’est pas si lointain.
[3] Les élections communales eurent lieu le 16 octobre 1938.
[4] A Mabompré, la liste n°1, catholique, remporta entièrement les élections de 1938 avec 7 élus sur 7 face au parti libéral ou, selon une autre source, à un autre parti à tendance catholique.
Jean-Baptiste Jeanmoye fut nommé bourgmestre et ses deux échevins étaient Julien Gobert et Julien Michel. Les autres élus étaient MM. Collin, Winand, Duplicy et Poncin.
Faisaient partie de la liste n° 2 MM. Mercenier, Kech, Meinguet, Dubuisson, Charneux et Chevigné.
L’ancien conseil communal était composé de 7 « intérêts communaux »
Source Avenir du Luxembourg du 18 octobre et 9 décembre 1938.
[5] Le typhus (du grec τῦφος tuphos: « stupeur, torpeur ») est le nom donné à un groupe de maladies similaires, graves pour l’être humain.
L’origine historique et géographique de ces maladies est incertaine. Leur existence dans l’Antiquité, bien que très probable, reste discutée. Leur présence est médicalement reconnue à partir du xve siècle. La maladie frappe surtout les adultes confinés en situation précaire, sous-alimentés et en absence d’hygiène, dans les camps militaires, les navires, les prisons, etc.
Ces maladies ont été longtemps confondues avec d’autres, notamment la fièvre typhoïde (reconnue au xixe siècle). La découverte de leur transmission par arthropodes vecteurs (poux, puces, tiques, etc.), en particulier celle du pou de corps par Charles Nicolle en 1909, a permis de lutter contre le typhus par des mesures d’hygiène (épouillage) et d’enclencher des recherches vaccinales.
Ces mesures d’hygiène associées à l’utilisation d’insecticides, puis à l’antibiothérapie ont fait disparaître et même oublier l’importance et la gravité qu’avait le typhus avant les années 1950.
Source Wikipedia
Merci pour le partage de cet article.
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