Tout part d’une conversation bien ordinaire sur l’abondance de champignons en cette fin d’année 2017.

Cette année là, les premières récoltes de champignons des champs se firent dès le milieu du mois d’août mais bien des espèces étaient encore visibles et, pour certaines, fort comestibles, ma foi, en ce samedi 11 novembre 2017.

Parmi ces champignons, des amanites tue-mouches, réputées hallucinogènes et qui, pourtant, étaient récoltées par les Gitans; c’est ce que j’appris à ma grande surprise, to buvan on cafè !

A propos des Gitans

 « Je me souviens qu’ils venaient chaque année, une fois ou deux par an.

C’était pendant la guerre, j’avais 7-8 ans [1]

Les Gitans campaient dans le champ de chez Monfort, sur la route du Pérou [2]

Ils ne sont plus revenus après la guerre. [3] 

Ils allaient aux champignons, surtout les rouges. Ils allaient aussi aux taupes qu’ils mangeaient [4] et faisaient de la tenderie. »

Etaient-ils voleurs ?

« Oh nenni !

Enfin, s’ils voyan on poil avala, ils la perdin !

On rentrait les poules et tout ça mais, à part ça … »

Etaient-ils nombreux ?

« Oui, avec beaucoup d’enfants qui n’allaient pas à l’école, à ces temps là. 

Ils venaient chercher du lait. Une femme venait souvent à la maison. Maman lui donnait toujours du lait.

Ils n’étaient pas du tout contraires.»

Travaillaient-ils parfois à la ferme ?

« Je ne pense pas. Y vican avou ce qui ramassan avalâ…

Y vican de c’qui trouvaient, va.

Ils étaient aussi rétameurs et réparaient les casseroles”.

 

Propos recueillis auprès de MS, le 11 novembre 2017.

Quelqu’un a-t-il d’autres souvenirs de passages de Gitans dans nos villages ?

Les « rouges champignons »

Comme le dit Wikipedia, “L’empoisonnement par Amanita muscaria est le plus souvent accidentel mais aussi parfois volontaire chez les personnes cherchant à vivre une expérience hallucinogène….

La dose mortelle calculée correspond à la consommation d’environ quinze chapeaux… Beaucoup d’anciens ouvrages répertoriaient l’amanite tue-mouches comme mortelle, entretenant l’idée d’une toxicité bien supérieure à la réalité…

Les composés actifs de cette espèce sont solubles dans l’eau. Faire bouillir le champignon et jeter l’eau de cuisson assure une détoxification au moins partielle d’A. muscaria… D’après certaines sources, le champignon serait comestible une fois détoxifié et aurait même une saveur agréable. »

Il semblerait donc que nos Gitans connaissaient parfaitement les processus de détoxification de ces champignons.

A moins qu’ils ne les utilisassent pour leurs propriétés hallucinogènes ?

Des taupes et de leur utilisation

Toujours selon Wikipedia, « La peau des taupes a été utilisée tannée pour la douceur de sa fourrure, mais également non tannée pour faire des bonnets serrant la tête des enfants.

La fourrure des taupes, très fine, a été utilisée, surtout dans les années 1920, pour réaliser des manteaux et des vêtements divers, mais cette mode semble passée. Il fallait de l’ordre de 800 peaux de taupe pour confectionner un seul manteau.

Ainsi à la fin des années 1880, lors d’une réunion médicale de discussion sur les déformations crâniennes, le Dr Bonnemere signale au Dr Delisle qu’en Maine-et-Loire, on met sur la tête des enfants des sortes de calottes en peau de taupe non tannée, pour maintenir les os du crâne et faciliter la pousse des dents».

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[1] Soit vers 1942-43

[2] A Buret, en face de la ferme Henrotte

[3] Quel fut le sort de ces Gitans ? Ont-ils été déportés par les Allemands ?

[4] Les Gitans ne mangeaient en fait pas les taupes mais utilisaient leurs peaux. Voir le dernier paragraphe.