A l’extrémité orientale de la commune de Tavigny, une haute colline boisée (altitude avoisinant les cinq cents mètres) domine toute la région. C’est le Mont Saint-Martin. Une vénérable église, dédiée au premier évangélisateur des Gaules, s’élevait jadis sur ce sommet. De 1964 à 1967, auprès de trois hêtres robustes et séculaires, un groupe de fouilleurs mit au jour les substructions de l’antique sanctuaire et de son cimetière. Remontant au haut Moyen Age, le temple chrétien avait été édifié sur les ruines d’un fanum gallo-romain.
Dans cette clairière cernée par des bois sombres de conifères, la tradition orale situe un village disparu du nom de Saint-Martin. Ses habitants vivaient paisibles et heureux à l’ombre de leur vieux clocher lorsque des bruits de guerre jetèrent l’alarme dans le pays. Le curé de Saint-Martin, voulant soustraire ses belles cloches à la rapacité de l’ennemi, les descendit de la tour et les transporta jusqu’au Pré des Dames (lieu-dit tout proche en direction de Limerlé) où il les immergea dans une fontaine insondable.
Bientôt, les hordes ennemies firent irruption dans Saint-Martin et, malgré les supplications des villageois, tout fut saccage, brûlé, détruit. Puis, dans un bain de sang, hommes, femmes et enfants furent passés au fil de l’épée. Seules les cloches ont échappé à l’envahisseur, et, chaque année, le jour de la Toussaint, à minuit, elles sonnent à toute volée au fond de leur cache afin que, dans leurs prières, les âmes charitables n’oublient pas les malheureux trépassés de Saint-Martin.
Source : http://www.lecerclemedieval.be/legendes/SitesEtRecits/Les-cloches-englouties.html
