
En 1940, la commune de Tavigny compta « 7 de ses fils morts pour la patrie et un civil décédé en France : Joseph Bastin tombé aux Tailles le 11 mai 1940, Joseph Crouquet tombé à Trois-Ponts le 11 mai 1940, Ghislain Servais tombé à Temploux le 12 mai 1940, Louis Monitor tombé à Rhisnes le 12 mai 1940, Alphonse Guirs tombé à Bavikhove (Flandre) le 28 mai 1940, Jules Genin tombé à Vinckt (Flandre) le 20 mai 1940, René Guillaume décédé à Dörnitz le 19 septembre 1940, Isidore Crémer décédé en France le 1er août 1940. »
Cet article présente Joseph Crouquet de Vissoule
Joseph Crouquet
Né à Tavigny en 1916, Joseph Crouquet était cultivateur dans la ferme familliale à Vissoule lorsqu’il fut mobilisé en 1939. Il quitta sa famille; ses parents Victor Crouquet (1877-1950) et Odile Pondant (1880-1946) furent durement éprouvés par la perte de leur fils dès le début des hostilités et par la mort de leur fille Claire [1] le 31 décembre 1944, victime des bombardements aériens américains [2].
Joseph Crouquet [3] se trouve sur le front, incorporé à la 4ème compagnie du II/III ChA en position à Trois-Ponts lorsque les Allemands violèrent les frontières belges le 10 mai 1940 à 3h30.
Il participa aux tout premiers affrontements des armées.
Son corps trouvé sans vie le 13 mai 1940 au fortin de Ristonvenne à Trois-Ponts fut ramené à Vissoule.
Sa tombe au cimetière de Vissoule rappelle qu’il est glorieusement tombé pour la Patrie le 11 mai à Trois-Ponts.
Son nom figure au tableau d’honneur de la localité de Vissoule.
La déclaration de décès indique la « Reconnaissance de la Patrie ».
Terre de Durbuy n° 131 – 2 Mars 2015
En 1941
Le journal « La Province de Namur » du 7 décembre 1941 relatait en 7ème page les informations suivantes :
« Vissoule-Tavigny – Nos Héros.
Nul doute, notre petite localité de Vissoule aura payé un bien lourd tribut à la guerre. Quatre de ses enfants sont tombés au Champ d’Honneur pour la défense de notre Patrie.
Le soldat Joseph Crouquet, né à Vissoule le 9 avril 1916, était l’aîné d’une famille de quatre enfants. Il avait servi au 3ème régiment de Chasseurs Ardennais à Vielsalm et y avait été rappelé au premier jour de la mobilisation [4].
Chargé de la défense d’un fortin à Trois-Ponts, il y trouva une mort glorieuse le 11 mai à 8 h du matin. alors que les occupants des autres ouvrages se repliaient, ceux du fortin du soldat Crouquet continuaient la défense. Un obus entra par la meurtrière tuant Joseph et son compagnon [5] et mutilant le chef de poste. »
<< à suivre >>
— Notes et références —
[1] Claire Crouquet habitait Vissoule, la ferme contre le bâtiment qui fut un temps le petit restaurant « A la chaleur du bois ». Elle était avec son fiancé, René Neuville lors du bombardemant de Houffalize du 31 décembre. Les bombes tombaient sur Vissoule. La famille se dispersa pour se réfugier, Claire et René Neuville se blottirent dans l’étable, sous le bac des chevaux. La maison, atteinte par une bombe, s’effondra sur les deux malheureux, les ensevelissant sous les décombres.
Ils ne furent retrouvés qu’en juillet lors du déblayement de la maison.
Source : Témoignage de MS le 12 avril 2021.
[2] Claire ne fut pas la seule victime des bombardemants alliés sur Houffallize : Guillaume-Joseph Guirs, né à Vissoule le 17 mars 1866, décéda le 17 janvier 1945. Guillaume était le père d’Emile Guirs, un autre prisonnier de Vissoule. Emile était le frère d’Alphonse, tué au début de la guerre. Prisonnier en Allemagne, Emile avait correspondu toute la guerre avec sa famille dont il n’eut plus de nouvelle cependant après l’offensive.
C’est en rentrant à Houffalize, après sa libération, qu’il appris la mort de ses parents. Il ne lui restait que sa belle-soeur, Fernande Bourguignon, épouse d’Alphonse, qui habitait la petite maison en brique à l’entrée de Vissoule en descendant de Tavigny. Fernande avait une fille en bas-âge, Anne, qui n’a même pas connu son père.
L’épouse de Guillaume Guirs, Marie-Thérèse Hiffe, était née dans la commune de Tavigny le 10 août 1866 et était décédée en 1941 à l’âge de 75 ans. Ils s’étaient marié le 15 février 1905 devant le célèbre bourgmestre, Nicolas Parmentier.
[3] Autres frères Crouquet : Alexandre, René, qui fut maître d’école à Boeur et à Cherain. La fille d’Alexandre fut aussi appelée Claire, peut-être en souvenir de sa tante.
[4] Lorsque, le 3 septembre 1939, le roi Léopold prend officiellement le commandement de l’armée belge, celle-ci, en phase de mobilisation graduelle depuis le 25 août, regroupe déjà des effectifs importants : 16 divisions (12 d’infanterie, 2 dites de cavalerie – mais motorisées dans les faits – et 2 de Chasseurs ardennais). Progressivement, les effectifs de l’armée de campagne vont encore se gonfler. A la date du 9 mai 1940, elle compte 22 divisions, soit 616 000 soldats sous les drapeaux.
Source : https://www.belgiumwwii.be
[5] Il s’agit de Georges Mairy de Barvaux
— Autres articles sur le sujet —
- Tavigny, au champ d’honneur
- 1940 – Jules Genin et Alphonse Guirs, de Vissoule
- 1940 – Ghislain Servais (1912-1940), d’Alhoumont
- 1940 – Joseph Bastin de Cetturu et le combat de Chabrehez
- 1940 – Isidore Crémer, de Tavigny et Louis Molitor, de Boeur
- 1940 – La défense du fortin de Trois-Ponts (Joseph Crouquet)