Un malheureux accident
Dans le Limbourg. Beeringen [1]
« Mortel accident. Dimanche soir, M. Fernand Henrotte, ingénieur principal au Charbonnage de Beeringen, était occupé à inspecter une galerie avec trois ouvriers, lorsque, brusquement, un éboulement se produisit qui les ensevelit.
Le contremaitre et les ouvriers purent être rapidement dégagés légèrement blessés, mais M. Henrotte a été tué sur le coup.
Il était âgé de 31 ans, originaire de Houffalize, et célibataire.
Il était sorti de l’Université de Liège en 1923. »
La Meuse du 11 décembre 1928.
Des funérailles importantes
L’Avenir du Luxembourg du 17 décembre nous détaille les funérailles.
« Buret. Mercredi dernier ont eu lieu, en la chapelle de Buret, les obsèques officielles de M. Fernand Henrotte, lieutenant de réserve, ingénieur principal des mines, victime d’un éboulement au charbonnage de Beeringen.
La chapelle [2] était trop petite pour contenir la foule immense et recueillie de parents et d’amis qui avaient eu à coeur de rendre leurs derniers devoirs à la dépouille mortelle du cher disparu.
De nombreuses et magnifiques couronnes prouvent en quel haute estime le défunt avait su se gagner l’affection de ses chefs, collègues et subordonnés des charbonnage de Monceau-Fontaine et de Beeringen,
Ces charbonnages avaient envoyés une forte délégation et plusieurs ingénieurs, amis du défunt, les accompagnaient. L’armée était également représentée.
A la mortuaire, un discours fut prononcé par le président de l’Association des ingénieurs liégeois, qui retraça brièvement la vie toute de travail de son collègue. Au cimetière, dans un religieux et émouvant silence, un administrateur-délégué de Beeringen dit un dernier adieu au cher disparu et dans un tableau bref et vivant montra ce jeune homme qui voila un mois se présentait à lui pour s’engager dans une carrière brillante qui lui souriait, aller de l’avant, ne vivre que pour le travail, se faire aimer de tous, se montrer un chef parfait et mourir victime de son devoir.
Inclinons-nous, dit l’orateur devant le volonté du Tout-Puissant dont les desseins sont insondables et en vrais chrétins acceptons courageusement cette rude épreuve.
Le directeur général du charbonnage prit ensuite la parole au nom de tout le personnel pour apporter un dernier hommage de sympathie à leur camarade défunt.
Et la foule se dispersa priant et méditant ces paroles : » Soyez toujours prêts, dit le Seigneur, car vous ne savez ni le jour, ni l’heure. »
Qui est Fernand Henrotte ?
Fernand Emile Henrotte naquit à Buret le 14 mai 1897 d’Henri Henri-Joseph Henrotte, né le 16 avril 1860 et donc âgé de 37 ans en 1897 et de Julia Delphine Laure Bousson, d’origine française.
Ces grands-parents étaient Pierre Joseph Henrotte, 46 ans en 1860 et Catherine Joseph Dasnoy.
Il était le 2ème d’une famille de 4 enfants.
- Berthe Marie née le 4/10/1895
- Fernand Emile,
- Marcel François, né le 10/10/1899
- Emile, né après 1900.
« Les parents Henrotte-Bousson étaient boulangers à Buret. La boulangerie était située alors dans la maison Deville actuelle.
Quand on a fait le chemin de fer de Herbeumont sur la France [3], ils sont partis faire le pain pour le chemin de fer.
Ils sont partis avec les 2 enfants les plus âgés, Fernand et Berthe qui ne s’est pas mariée, les autres restant chez leurs grands-parents qui habitaient l’actuelle ferme Reiter.
Très intelligent, Fernand a pu faire des études à l’université de Liège. » [4]
A propos d’Emile Henrotte (? – 1935) [4]
Emile décharge un jour du foin dans l’actuelle ferme Pirson (Henri et Renée). Il passe en dessous du chariot et se fait fort mal à la tête.
Le lendemain, Emile est dans le coma.
Le docteur appelé cherche en vain une raison. Jusqu’à ce qu’il entende la mère d’Emile dire à la voisine, une Balland (habitant l’actuelle maison de Madeleine Grandjean) : « Et ayîr, il esteut passé dso et saveu fé mâ »
Souffrant de forts maux de tête, il fut trépané à Paris.
Il vécut encore quelques années normalement. Il allait se marier avc une fille du village mais est mort dans d’atroces souffrances en 1935.
Le papa de Vina (Vina Deville) l’entendait tellement crier de mal qu’il ne voulut plus rester dans sa maison (maison Pirson actuelle, bâtie par Louis Leclère).
Le Charbonnage de Beringen
Le Charbonnage de Beringen est une des sept mines de charbon de Campine. Le siège de ce charbonnage est situé dans la commune belge de Beringen. Le terrain houiller n’affleure nulle part en Campine, c’est pourquoi il fallut attendre longtemps avant sa découverte en 1901 et sa mise en exploitation.
Des forages de reconnaissance ont été effectués en 1902 et 1903 dans les communes de Beverlo, Beringen, Koersel et Paal. Le 26 novembre 1906, une concession de 4950 hectares a ainsi été attribuée pour l’exploitation du charbon. La Société Anonyme des Charbonnages de Beeringen a été créée en 1907. Le fonçage des puits est débuté en 1910 et ne sera terminé qu’en décembre 1921 pour le puits 1 et décembre 1922 pour le puits 2 ; il sera longuement interrompu par la première guerre mondiale. Les couches de charbons ont été traversées à des profondeurs de 727, 789 et 850 mètres.
De 100 000 tonnes en 1923, la production passe au million de tonnes en 1936 ; elle atteint son maximun en 1956 avec 1 900 000 tonnes. En 1948, 6789 mineurs travaillent à Beringen, dont à peu près 4800 au fond.
En 1967, le siège de Beringen fut intégré dans la Kempense Steenkolenmijnen (KS) avec les sièges de Eisden, Waterschei, Wintersalg, Zolder-Houthalen. Dans les années 1980, Beringen était le troisième siège en importance de la KS, avec 1 134 065 tonnes extraites, soit près de 20% de la production. En janvier 1980, le siège comptait 2863 travailleurs de fond et 778 au jour.
Mais dès la fin des années 1950, le charbon fut concurrencé par d’autres sources d’énergie plus compétitives. La dernière berline remonta du puits d’extraction le 28 octobre 1989. La mine de Beringen fut la plus importante de Campine, avec une production totale de 79 332 000 tonnes.
Source : Wikipédia

— Notes et références —
[1] Beeringen avec 2 e à cette époque.
[2] Les obsèques eurent-elles lieu dans la chapelle, au n° 47 actuel et non dans l’église, construite en 1884 ou le journaliste est-il habitué aux grandes cathédrales et basiliques de la capitale ?
[3] Il s’agit de la ligne de chemin de fer 163A Bertrix-Muno. Sa construction dura de 1900 à 1914. Source : https://www.maljoyeuse.be/le-chemin-de-fer/
[4] Témoignage de Mme M.S., mai 2024.

