« Papa et Émile devisaient tranquillement, assis devant la ferme.
Tout était calme et rien ne semblait pouvoir troubler la sérénité des deux compères…quand Adelin surgit…
Il était énervé, ça c’est sûr, et, sans dire bonjour, essoufflé, annonça, « coupant la chique » aux parents : « les cochons sont dans les avoines ».
La sérénité (c’est un beau mot, je l’ai mis dans mon carnet) du moment, s’envole; Emile et Papa, poussés comme par un ressort, se lèvent, Emile pour se rendre compte des dégâts, Papa par curiosité, et moi, bien sûr, je suis avec mon lance-pierre et une provision de « pîrettes » de cerise.
J’ai bien compris que les cochons c’est des sangliers. Ils ne sont plus là, mais on ne sait jamais… je suis rassuré, j’ai mon terrible lance-pierre.
Le champs d’avoine est tout en bas, en dessous de la pâture, le long du bois de sapins. Papa s’étonne, il n’y a pas de clôture…
Un vieux bonhomme, déjà sur place (c’est fou comme les nouvelles vont vite !) lui explique que les clôtures, même en barbelé, n’arrêtent pas les sangliers.
Les dégâts sont importants, les avoines couchées sont impossibles à faucher et les grands ronds tout plats sont un peu partout …
Le vieux bonhomme m’explique (mais je vois bien qu’il parle aussi pour Papa) que les sangliers couchent l’avoine pour que les graines détachées germent.
Ils les déterreront et s’en nourriront l’hiver. Moi, je ne crois pas que des cochons, des sauvages en plus, soient assez malins pour penser si loin; même moi qui vais à l’école, je n’y aurais pas pensé.
Si on ne sais rien faire pour les avoines, les canons à sangliers qu’on entend la nuit n’ont pas l’air de leur faire peur; il faut abattre les sâles bêtes et les manger !
C’est décidé, on va se mettre à l’affût…
<< à suivre >>
Louis Bologne.


