Le sourcier Fonce-Trouc
« C’était l’année de la grande sécheresse, en 1936 [1], je crois, mais sans certitude…les prairies roussissaient, le bétail assoiffé meuglait, un petit vent faisait tourbillonner des nuages de poussière à ras du sol.
Le puit de la ferme était asséché et on passait des heures à remplir le tonneau à la source du curé [2].
Ça ne pouvait plus durer.
Mr. Lespagnard ne voyait d’autre solution qu’un nouveau puit, plus profond.
Mais où ?
On fit donc appel à un spécialiste : Fonce-Trouc, à la fois sourcier [3] et puisatier [4].
En apparence, il n’avait rien à envier à l’homme des cavernes, pour autant que je me souvienne, mais il possédait un fluide mystérieux et pouvait détecter cette eau si précieuse, si rare et plus conviée qu’une mine d’or…
Dire que nous étions curieux de voir ce magicien à l’œuvre minimise la réalité : même mon père était surexcité !
Fonce-Trouc, imperturbable, cherchait un bon point de départ, une simple baguette de coudrier en forme d’y grec à la main.
Et voilà, ça y est, il s’arrête, marque l’endroit d’un coup de talon et repart, sa baguette tenue des deux mains, la troisième partie de l’y grec tendue à l’horizontale…
Il avance lentement,concentré et soudain la baguette se met à bouger – re-coup de talon.
Fonce-Trouc ŕepart, comptant ses pas, la baguette s’incline lentement, avec régularité et, soudainement pivote à la verticale.
Fonce-Trouc marque l’endroit d’un piquet et recommence à partir d’un autre point de départ…
Il fera ainsi trois voyages, comptant ses pas, si mes souvenirs ne me trompent pas, et nous annonce la présence d’un « courant » à dix mètres sous sol.
Et c’est parti : Fonce-Trouc et notre hôte s’en retourne à la ferme pour mettre au point l’organisation de l’opération.
La date est fixée, le travail de chacun, l’ordre des différentes phases, la liste du matériel indispensable…
Quelle affaire !«
<< à suivre >>
Louis Bologne
— Notes et références —
[1] Une vague de chaleur est une augmentation importante de la température de l’air. S’ensuit alors une période très chaude qui s’étend sur une période relativement longue, de quelques jours à plusieurs semaines. Une vague de chaleur est définie officiellement en Belgique par la succession de minimum 5 jours de températures maximales supérieures à 25°C, dont au moins trois sont supérieures à 30°C. (Station de référence : Uccle).
Une journée de canicule est une journée durant laquelle la température a atteint ou est montée au dessus du seuil des 30°C, une journée d’été est une journée durant laquelle la température maximale a atteint ou dépassé les 25°C.
| Eté | Période | Durée | Poids | Intensité | J>30° | T° max |
| 1929 | du 15 JUL au 29 JUL | 9 | 13.6 | 1.51 | 3 | 30.9 |
| 1930 | du 26 AUG au 31 AUG | 6 | 20.1 | 3.35 | 3 | 31.4 |
| 1932 | du 9 AUG au 21 AUG | 13 | 38.4 | 2.95 | 5 | 34.4 |
| 1936 | du 17 JUN au 24 AUG | 8 | 12.5 | 1.56 | 3 | 30.2 |
| 1938 | du 30 JUL au 9 AUG | 11 | 29.9 | 2.71 | 4 | 31.8 |
[2] Voir l’article « Vos avez s’tu à Tchègne-à-l’pîre ? » par Louis Bologne
[3] Un sourcier est une personne qui prétend pouvoir détecter de l’eau souterraine au moyen d’une baguette ou d’un pendule. Cependant, ce pouvoir des sourciers n’a jamais pu être démontré scientifiquement. Au contraire, des expériences réalisées dans des conditions rigoureuses, dites à double insu, ont démontré l’incapacité des sourciers à faire mieux qu’un choix au hasard. Source Wikipedia.
« Qui prétend pouvoir détecter » ! Cette définition de Wikipedia – et du Larousse – m’a bien fait rire. J’ai eu l’occasion, par deux fois, d’assister à la démonstration d’un sourcier bien de chez nous et ses déclarations se sont révélées spectaculairement exactes. Même constat pour certaines personnes « qui signent » ou priant. Là aussi, j’ai vu des résultats qui n’ont jamais pu être expliqué scientifiquement mais qui n’en restent pas moins véritables.
Sans doute une opportunité d’article un de ces jours.
[4] Le puisatier a pour profession le creusement et l’entretien des puits fournissant de l’eau. Source Wikipedia

